Le Brésil a décidé pour la première fois de passer outre un brevet du laboratoire pharmaceutique américain Merck pour un médicament antisida en important son équivalent générique de l'Inde.
Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a annoncé que le Brésil cessait de respecter le brevet du médicament Efavirenz, après avoir refusé une dernière offre de réduction du prix de 30% soumise par Merck.
Le ministre brésilien de la Santé José Temporoa avait déclaré il y a quinze jours que l'Efavirenz était un médicament d'intérêt public. Il avait donné sept jours à Merck pour en baisser le prix faute de quoi le brevet n'en serait plus respecté.
Merck a fait une dernière offre de réduction de 30% considérée insuffisante par le gouvernement brésilien.
C'est la première fois que le Brésil, qui traite ses malades du sida gratuitement, décide de ne plus respecter le brevet d'un médicament. (Voir la distribution gratuite de préservatifs pendant le Carnaval)
Jusqu'à présent, il était toujours arrivé à un accord de dernière minute dans son bras de fer avec les laboratoires pharmaceutiques étrangers.
Le Brésil importera désormais le générique de trois laboratoires d'Inde déjà reconnus par l'Oganisation mondiale de la santé (OMS), au prix de 0,45 dollar le comprimé, a indiqué le ministère de la Santé. Cela lui permettra d'économiser 30 millions de reals (15 millions de dollars) par an sur les 90 millions (45 millions de dollars) qu'il payait pour l'Efavirenz.
M. Temporoa a expliqué que la décision avait été prise après trois ans de négociations avec Merck, soulignant que le Brésil payait 1,59 dollar le comprimé, alors que la Thaïlande --qui a déjà décidé de se passer du brevet de l'Efavirenz-- paie nettement moins, soit 0,65 dollar.
Le programme brésilien d'antirétroviraux (ARV) prévoit la fourniture gratuite d'un cocktail de 15 médicaments à 200.000 séropositifs dans tout le pays. L'Efavirenz est utilisé par 75.000 d'entre eux.
Sept des 15 médicaments antisida sont produits par des laboratoires publics ou privés au Brésil et aucun n'est protégé par un brevet, selon le ministère de la Santé