Trois cas de légionellose à l'hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP) à Paris, dont un s'est révélé mortel, ont été identifiés depuis mars et plusieurs pistes sont explorées pour tenter d'en expliquer l'origine, selon les spécialistes.
"Pour l'instant l'origine de l'infection reste indéterminée", a relevé le Pr Vincent Jarlier, délégué à la prévention des infections nosocomiales.
Les seuls endroits où des bactéries, des légionelles, ont été détectées sont des points d'eau froide non filtrés, en l'occurrence des lave-mains pour médecins en consultations, éloignés des endroits où se trouvaient les malades. "C'est donc une hypothèse à prendre en compte. Si c'est ça, il va falloir revoir ce qu'on sait des légionelloses car les robinets d'eau froide loin des malades ne sont pas une origine connue de contamination", a-t-il commenté hier devant la presse. Néanmoins, par précaution les robinets d'eau froide des lave-mains ont été équipés de filtres, a indiqué la directrice de l'hôpital Elisabeth de Larochelambert.
Les autres pistes explorées sont le domicile des patients et les panaches des tours aéroréfrigérantes (TAR) des grands immeubles climatisés, a souligné le Pr Jarlier. "Actuellement, 93% des cas de légionellose n'ont rien à voir avec les hôpitaux mais surviennent dehors et sont essentiellement dus aux tours aéroréfrigérantes des grands immeubles modernes", a précisé ce spécialiste des maladies infectieuses.
Les cas 2007 concernent deux hommes de 78 et 77 ans, ce dernier étant décédé, et une femme de 86 ans. "Le premier patient est guéri et rentré chez lui et la patiente reste hospitalisée pour une pathologie qui n'a rien à voir", a précisé le Pr Jean-Noël Fabiani, président du comité consultatif médical. Deux autres cas - guéris depuis - avaient déjà été diagnostiqués en 2006, l'un en septembre et l'autre en novembre. Leur origine n'avait pu être établie avec certitude, les prélèvements d'eau à l'Hôpital Pompidou s'étant révélés négatifs.
Chaque mois dans cet hôpital, 40 prélèvements d'eau chaude et froide sont faits, soit quelque 500 par an (20 fois plus que ce qu'impose la réglementation). Problème, "l'ensemble des prélèvements de points d'eau filtrés ont toujours été négatifs".
La maladie, une pneumonie, en majorité provoquée par une légionelle appelée Legionella pneumophila sérogroupe 1 (Lp1), n'est pas transmissible entre humains et ni transportée par les mains, indique le Pr Jarlier. Elle s'attrape par inhalation de légionelles provenant d'une eau contaminée intérieure ou extérieure (boues d'épandage, étang, TAR...).
L'hôpital dispose d'un programme de surveillance intensif de la légionelle depuis 2001, année où il avait subi deux vagues de cette infection bactérienne qui avait conduit à l'époque à un "arrêt des transplantations" d'organes, a rappelé le Pr Fabiani. "La bactérie a été retrouvée au domicile de deux patients" (pour un cas de fin 2006 et un de 2007)", a constaté Yannick Pavageau, ingénieur d'études sanitaires Dass-Paris.
Autre difficulté, on ne peut pas comme pour un virus de l'hépatite C ou du VIH, établir la carte d'identité ou l'empreinte génétique d'une légionelle pathogène pour la différencier de ses congénères parisiennes identiques afin de déterminer la source de l'infection, explique le Dr Pascal Astagneau du CCLIN Paris-Nord (infections nosocomiales).
Entre 2003 et 2006, aucun cas de légionellose nosocomiale n'avait été diagnostiqué dans cet hôpital