Plus de 90% des personnes disposaient en 2003 d'une couverture maladie complémentaire. Cette généralisation n'efface pas les inégalités, observe l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) dans une étude publiée ce matin, soulignant que les plus pauvres, les chômeurs et les étrangers sont les moins couverts.
En 2003, 99,6% de la population de France métropolitaine était couverte par l'assurance-maladie. Alors que les assurés étaient 69% en 1981 à bénéficier d'une couverture complémentaire, leur proportion est désormais de plus de 90%. Au total, 83% des dépenses de santé ont été financées par la Sécurité sociale en 2003, 10% par les couvertures complémentaires (hors couverture maladie universelle, créée en 2000) et 7% par les patients eux-mêmes (la franchise de 1 € n'existant pas à l'époque de l'étude)
Le nombre de personnes bénéficiant d'une complémentaire a augmenté à tous les âges: la part des individus non couverts parmi les 18-29 ans est ainsi passée de 33% en 1981 à 14% en 2003. Chez les plus de 70 ans, cette part atteint désormais 10%, contre 54% il y a 25 ans.
Plus le niveau de vie de leur ménage est faible, plus les individus se trouvent sans complémentaire santé. Ainsi, en 2003, 21% des individus appartenant aux 20% des ménages ayant le niveau de vie le plus faible déclaraient ne pas avoir de complémentaire, contre 4% pour les 20% de foyers ayant le niveau le plus élevé.
Alors que la couverture maladie universelle (CMU) destinée aux foyers les plus pauvres devrait assurer une couverture à l'ensemble de la population, ce dispositif "souffre d'un non-recours important (entre 14 et 15% en 2003), pour des problèmes d'information d'une part, mais aussi parce que certains des bénéficiaires potentiels, notamment les plus jeunes, éprouvent moins de besoins de soins", note l'INSEE.
Les populations "les plus vulnérables" sont les moins couvertes. 13% des personnes appartenant à une famille monoparentale n'ont pas de complémentaire, contre 5% des individus vivant dans un ménage composé d'un couple et de deux enfants.
C'est aussi le cas des étrangers: 46% des Africains non maghrébins, 42% des Maghrébins vivant en France, 33% des ressortissants des pays européens hors UE et 21% des ressortissants de l'Union européenne n'étaient pas couverts en 2003, contre 8% des Français de naissance.
Ces différences ne sont pas sans lien avec le recours aux soins, constate l'INSEE. En effet, 7% des adultes bénéficiant d'une complémentaire n'avaient pas consulté de médecin, généraliste ou spécialiste, au cours des douze mois précédant l'enquête. Cette proportion grimpait à 17% pour les personnes non couvertes. Or, parmi elles, 14% disaient par exemple avoir des caries non soignées, soit deux fois plus que le reste de la population.