Les différents leviers mis en place par les pouvoirs publics en 2007 n'ont pas permis de faire reculer notablement le tabagisme en France, constate l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) dans son bilan annuel
Onze mois après l'entrée en vigueur de l'interdiction de fumer au travail, le 1er février 2007 - étendue en janvier 2008 aux cafés et restaurants - le bilan 2007 de l'OFDT observe que les ventes de tabac "n'ont que peu reculé". Voir l'article précédent sur le bilan tiré par les patrons de bars et de restaurants.
Avec 54.945 tonnes vendues en France métropolitaine en 2007, les ventes de cigarettes enregistrent une "très légère baisse par rapport à 2006" (-1,48%).
Elles sont stables depuis 2004, après un recul très marqué sur 2003-2004, consécutif aux fortes hausses du prix des cigarettes.
Les ventes de tabac à rouler n'évoluent quasiment pas (-2,1% par rapport à 2006, avec 7.018 tonnes), et sont même légèrement supérieures à celles de 2004 (6.969 tonnes).
Ce bilan "expose un paradoxe entre les moyens mis en oeuvre pour faire baisser le tabagisme des Français et la traduction en terme de ventes de tabac obtenue", constate l'OFDT.
"En termes d'arrêt du tabac, on est en mauvaise situation", confirme le pneumologue et président de l'Office français de prévention du tabagisme (OFT), Bertrand Dautzenberg.
Outre l'entrée en vigueur de l'interdiction de fumer dans les lieux affectés à un usage collectif, l'année 2007 a vu le prix de la cigarette augmenter en août de 6%.
De plus, depuis le 1er février, les médicaments d'aide à l'arrêt du tabac peuvent bénéficier d'un forfait annuel remboursable de 50 euros (428.770 forfaits versés).
Ce forfait, ainsi que l'arrivée du Champix (varénicline) en février dans les pharmacies, a sans doute contribué à la "dynamisation du marché" des traitements d'aide à l'arrêt en 2007. Ses ventes, sur ordonnance uniquement, représentent 435.436 mois de traitement, soit 19,7% du total. Le Zyban (bupropion) est le grand perdant, avec des ventes en chute de 45% (2,6% de part de marché).
Sur l'ensemble de l'année, les ventes en officines de ville enregistrent une "très importante augmentation" par rapport à 2006 (+30,6%). Mais il faut noter que le premier trimestre a connu un record de ventes (près de 127% d'augmentation en février 2007 par rapport à février 2006). Les volumes sont ensuite revenus à des niveaux plus conventionnels, mais toujours légèrement supérieurs à 2006. "Il y a des gens qui fument et qui prennent des substituts en même temps", commente le Pr Dautzenberg.
Les ventes de substituts nicotiniques sous formes orales ont augmenté de 12,8%, ou 821-884 mois de traitement, mais leurs parts de marché ont diminué de presque 6% (37,2%). Les ventes de timbres (patchs) ont augmenté de 4% (890.064), mais leurs parts de marché ont diminué de 10% (40,3%).
Si l'interdiction de fumer dans les lieux publics, décidée pour protéger les non-fumeurs du tabagisme passif, semble avoir eu peu d'impact sur l'arrêt du tabac, le Pr Dautzenberg estime qu'elle a eu "un fantastique effet sur la diminution de l'exposition", avec des taux de pollution nettement en baisse.
Il reste à mesurer ses effets en termes de santé, ce qui nécessite davantage de recul.
Une étude italienne publiée ce mois-ci a montré que le nombre de crises cardiaques avait diminué de plus de 11% à Rome, chez les 35-64 ans, depuis l'entrée en vigueur, en janvier 2005 en Italie, de l'interdiction de fumer dans les lieux publics