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Votre empreinte écologique

18 questions entre alimentation, logement, transport et  consommation
L'empreinte écologique moyenne d'un Français est de 56 400 m²/an. Et vous?
27 avril 2008 7 27 /04 /avril /2008 09:18

A l'occasion du 40ème anniversaire de la première greffe cardiaque par l'équipe des Professeurs Christian Chabrol, Gérard Guiraudon et Maurice Mercadier à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière sur Clovis Roblain, marseillais de 66 ans ayant survécu 53 heures, il a donné une interview à Christophe Josset (Métro)

Quel a été l'apport de la réussite, ce 27 avril 1968, d'une première transplantation cardiaque en France?
Cela représentait l'évolution de la grande chirurgie cardiaque, qui a commencé en 1954 techniquement en entrant dans le cœur. A l'époque, au sein de l'équipe de chirurgiens et médecins, nous avions dressé un constat simple et évident: les gens ont un muscle qui ne fonctionne plus, la seule façon de le réparer est de le remplacer. Pour la procédure, nous avons suivi les expérimentations de l'Américain Norman Shumway, qui avait réalisé des transplantations réussies de cœurs sur des chiens. On savait et on maîtrisait donc cette technique sur des chiens en bonne santé, notre difficulté majeure a été de l'adapter à des patients qui étaient majoritairement en mauvaise santé. Cela nous a posé de gros problèmes médicaux dès le départ, le rejet des greffons n'était pas encore compris. La première tentative, malgré le décès après 53 heures du patient, reste une victoire. L'opération réussie et médiatisée, elle a été considérée par le public comme un vrai miracle. Pendant 12 ans nous avons persisté et continué, avec hélas parfois des échecs. Puis 1980 fut un tournant: la découverte des traitements anti-rejet changea la donne, elle permit une réussite plus grande et l'essor des transplantations, pas seulement de cœur d'ailleurs.

Quels problèmes déontologiques et moraux se sont posés?
Une fois qu'a été établie la certitude de la mort du cerveau -formellement- d'un point de vue médical, cela a rassuré le public sur le problème de la mort. D'autre part, le prélèvement a toujours été effectué dans le respect, ce qui incluait la restitution du corps en bon état aux familles du donneur. Tout cela fait que les greffes sont maintenant bien acceptées en France. Le principal problème actuel qu'elles affrontent, c'est la relative indifférence de la population. Nous n'avons pas assez de dons d'organe aujourd'hui, il faut faire comprendre qu'il s'agit d'une solidarité collective pourtant nécessaire, la greffe étant toujours une urgence.

Qu'est-ce qui a évolué entre 1968 et aujourd'hui pour les transplantations cardiaques?
La technique n'a pas tellement changé, en revanche le traitement post-opératoire oui. Je pense notamment aux traitements anti-rejet, mais pas seulement: l'hygiène de vie demandée aux patients opérés a terriblement progressé. Nous avons quelques cas de malades, qui aujourd'hui après 30 ans de greffe, on été contraints d'arrêter pour raison médicale le traitement anti-rejet, principalement en raison de ses effets secondaires parfois lourds. Surprise: on a constaté que leur organisme a complètement accepté le greffon et qu'il n'est plus sujet à un rejet. Enfin, ce qui a évolué au niveau technique, ce sont surtout les cœurs artificiels. A l'époque les chirurgiens et ingénieurs imaginaient majoritairement des imitations du cœur humain, par battement. On a rapidement découvert que ce n'était pas nécessaire, et qu'un flux continu était tout à fait possible. Grâce à ces avancées, les cœurs artificiels sont maintenant de petites turbines qui ne sont pas plus grosses qu'un capuchon de stylo.

Combien cette opération s'est banalisée depuis votre premier essai réussi de 1968?

C'est actuellement l'une des opérations cardiaques les plus simples. Cela représente 4 à 5 heures de chirurgie, l'une des plus courtes durées pour ce type d'opération. Avec le recul, il ne s'agit finalement que d'un problème de couture! Quant au niveau de réussite de ces transplantations cardiaques, après un an, il atteint 85%. Au bout de dix ans, il est à 55%. A noter qu'il n'est pas rare d'avoir des patients qui vivent plus de 25 ans avec un cœur transplanté. Dans notre propre service, nous avons traité plus de 4000 patients. En 1968, on pensait que la technique était vouée à un grand avenir, sans pour autant avoir anticipé un tel succès et un tel essor.

Quelle relation entretenez-vous avec vos patients?
Elles sont très étroites. En fait, avant une opération, c'est un cardiologue qui nous adresse un patient. Toutefois après l'opération, ils constatent que les patients présentent des problèmes divers provenant de plusieurs organes, mais pas du cœur, paradoxalement. C'est pourquoi les cardiologues préfèrent nous demander de suivre les patients. Ce qu'il faut retenir de la part des patients, c'est que leur première reconnaissance est toujours dirigée vers le donneur, pas le chirurgien qui n'a fait que son travail après tout.

Qu'est-ce que l'Adicare, l'association dont vous êtes le président?
Lorsque les transplantations se sont généralisées, l'ensemble de l'équipe s'est dit qu'il fallait se regrouper en association: l'Adicare. Elle est hébergée dans un bâtiment distinct, l'Institut de cardiologie au sein du groupe Pitié-Salpêtrière. Depuis sa naissance, l'Adicare a notamment créé des laboratoires de recherche et des lieux de formation.

Vous avez 83 ans: avec le recul sur votre carrière médicale, de quoi êtes-vous le plus fier?
J'ai eu la chance d'avoir une excellente équipe. Nous avons pourtant travaillé dans des conditions terriblement rudimentaires au début, mais l'état d'esprit a toujours été extraordinaire. Et avec les formations que j'ai pu dispenser, c'est merveilleux d'avoir tous ces étudiants. Imaginez-vous, j'ai eu plus de 40.000 étudiants qui ont suivi mes cours! Aujourd'hui je donne beaucoup de conférences, et il est rare que je ne croise pas l'un de mes anciens élèves. Mon expérience est transmise...

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