Roselyne Bachelot-Narquin ministre de la santé, de la jeunesse, des sports et de la vie associative, conseille aux parents, « par mesure de précaution, de boycotter le Red Bull ».
Le Red Bull, boisson « énergisante », dont la composition est taurine + caféine + D-glucuronolactone, est présent dans les rayons en France depuis mardi dernier malgré l´avis négatif de la ministre de la Santé. Cette marque réalisait l´an dernier plus de 3 milliards d´euros de chiffre d´affaires dans le monde, soit une hausse de plus de 16 % sur l´année précédente.
« Le Red Bull est une boisson qui n´a aucun intérêt en termes énergétiques, qui n´a aucun intérêt en terme nutritionnel et qui a des dangers importants », a estimé la ministre. Elle s´appuie sur les quatre avis rendus par l´Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) depuis mars 2001, un avis en mai 2003 et en janvier 2006 puis le dernier remontant à novembre 2006 ainsi que sur les avis rendus en 1996 par le conseil supérieur d'hygiène publique français (CSHPF)
L'AFSSA rappelle que l'expression "boisson énergisante" est un terme marketing - qui n'a pas de réalité réglementaire - relatif aux boissons sensées "mobiliser l'énergie" en stimulant le système nerveux. Taurine, caféine, guarana, ginseng, vitamines sont les substances qui entrent le plus souvent dans la composition des boissons dites énergisantes selon l'AFSSA qui émet une distinction d'avec les "boissons énergétiques", destinées pour l'effort et spécifiquement formulées pour fournir au corps toute l'énergie nécessaire dans le cadre d'une dépense musculaire intense.
En ce qui concerne le Red Bull, l´agence considère que « la sécurité n´est pas assurée », en raison des niveaux de concentration de taurine et de D-glucuronolatone contenue dans une cannette, « respectivement 5 à 500 fois les doses journalières apportées par l´alimentation ».
Dans ses avis, l´agence recommandait des études complémentaires pour « lever ou confirmer » les « suspicions d´effets secondaires liés aux fortes doses de taurine et de D-glucuronolactone », effets neurocomportementaux, au moins transitoires, pour la première, nephrotoxicité pour la seconde.
Elle soulignait également que, "consommée dans certaines situations, activité sportive par exemple, cette boisson pouvait présenter un risque cardiovasculaire et qu´en association avec l´alcool, elle pouvait masquer la perception, mais non la réalité, de l´intoxication alcoolique."
Or, les études de consommation montrent que l´absorption conjointe de boissons énergisantes et de boissons alcoolisées est fréquente dans les pays où les premières sont autorisées.
Enfin, l´agence rappelait les effets indésirables de la caféine à fortes doses.
Malgré ces interrogations et ces mises en garde, le principe de précaution n´a pas pu l´emporter sur le fait que le produit était déjà en vente libre dans 23 pays européens. Le sacro saint principe de libre circulation des marchandises a prévalu.
Il eût fallu, pour l´interdire, apporter la preuve irréfutable de la nocivité du produit. Tout au plus, les réserves émises par les autorités sanitaires ont conduit à obtenir un étiquetage spécifique, mentionnant sa teneur en caféine, déconseillant le produit aux femmes enceintes et aux enfants, et invitant à ne pas dépasser deux canettes par jour.
A la demande de la ministre, l´agence vient de mettre en œuvre et l'a diffusé, en lien avec l´Institut national de veille sanitaire (InVS), un suivi des forts consommateurs de boissons énergisantes.