Les autorités sanitaires ont "enclenché une analyse pour mesurer la portée" d'une étude qui aurait identifié chez l'enfant un risque accru de développer une sclérose en plaques après un vaccin contre l'hépatite B, a indiqué hier le Directeur Général de la Santé, Didier Houssin, ajoutant qu' "Aujourd'hui, il n'y a pas de remise en cause de la recommandation vaccinale".
Une étude menée par l'équipe du Pr Marc Tardieu (Hôpital Bicêtre, AP-HP) avait montré que l'un des vaccins contre l'hépatite B, Engerix B, semblait associé chez l'enfant à une augmentation du risque de développer, trois ans plus tard, une sclérose en plaques.
Ce risque serait multiplié par 1,74, selon le quotidien annonçant cela, Le Monde.
"Si on torture les chiffres on finit toujours par les faire parler", a pour sa part commenté Daniel Floret, le président du Comité technique des vaccinations (CTV). Selon lui, les experts "sont unanimes à dire que cette étude, sur le plan méthologique, n'est pas acceptable".
Un premier groupe d'épidémiologistes s'est penché mercredi sur la méthodologie de l'étude.
Le compte-rendu de ce travail sera examiné la semaine prochaine par la commision de pharmacovigilance de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps).
Le Comité technique des vaccinations (CTV) se réunira à la fin de la semaine pour déterminer s'il y a lieu de réexaminer les recommandations vaccinales.
Deux précédentes études de l'équipe Tardieu chez l'enfant avaient montré qu'il n'y avait pas de lien entre vaccination et sclérose en plaques. Cette troisième étude "confirme ce résultat, mais dans l'analyse en sous-groupe apporte un élément nouveau qui n'avait jamais été rapporté", a expliqué le Pr Houssin.
De son côté, le Pr Marc Tardieu a fait savoir qu'il ne ferait pas de commentaire avant la publication de l'étude, initialement prévue en novembre-décembre, mais avancée début octobre.
Chez l'adulte, sur une dizaine d'études, une seule avait évoqué la possibilité d'un lien entre vaccination et sclérose en plaques, mais suscité des critiques sur sa méthodologie.
Des responsables du laboratoire GSK, qui produit le vaccin Engerix B, ont de leur côté indiqué attendre d'avoir accès aux données du Pr Tardieu avant de pouvoir établir leur position. Ils ont regretté ne pas être en possession "du moindre élément d'information sur les contenus de cette étude".
La vaccination contre l'hépatite B est recommandée en France pour tous les enfants entre l'âge de 2 mois et 13 ans et pour les groupes à risque (toxicomanes...).
Pour le Pr Floret, cette étude "est une pelle de terre de plus jetée sur la vaccination contre l'hépatite B", mal acceptée en France, où le taux de couverture vaccinale est très inférieure aux autres pays européens. Le ministère de la Santé envisageait d'ailleurs un plan de relance.
Voir précédemment le calendrier vaccinal 2008 favorable à la vaccination contre l'hépatite B et l'article sur le lien possible présenté entre la vaccination contre l'hépatite B et l'apparition de symptômes de la sclérose en plaques.