Sept anciens directeurs de l'usine Ferodo-Valéo à Condé-sur-Noireau (Calvados), spécialisée dans la transformation de l'amiante, sont convoqués le 19 septembre 2006 et pourraient être mis en examen pour "blessures et homicides involontaires" et "non-assistance à personne en danger"par les juges d'instruction Marie-Odile Bertella-Geffroy et Didier Peltier du pôle santé publique de Paris en charge de cette affaire à l'origine d'au moins deux morts .
Pour les parties civiles et les associations, Condé-sur-Noireau est emblématique des ravages sur la santé causés par l'amiante. Cette commune de 6.200 habitants du Calvados est située dans la Vallée de la Vère baptisée localement "la vallée de la mort". Plusieurs usines de transformation du matériau s'y sont implantées dès la fin du 19e siècle.
Dans les années 1970, près de 3.000 personnes y travaillaient. En octobre 2005, un monument dédié aux victimes de l'amiante, le premier en France, a été inauguré à Condé-sur-Noireau. Il est important de se rappeler que près de 1.500 personnes de cette région ont été indemnisées par les tribunaux des affaires de sécurité sociale (TASS), selon l'Andeva. Les victimes "ne veulent pas faire tomber des têtes mais avant tout comprendre" ce qui s'est passé, précise Pascal Allizard, le maire de Condé-sur-Noireau. "Il n'y a pas d'esprit revanchard ici". Dans cette petite ville de 6.000 habitants, "il se passe rarement un mois sans qu'il y n'ait quelqu'un qui décède de l'amiante", témoigne-t-il. Raymond Gallot, un ancien ouvrier de 63 ans qui a perdu sa femme à cause de l'amiante en 1999., est également "content" que les directeurs soient convoqués. "On sait très bien qu'ils n'iront pas en prison, mais on veut au moins qu'ils reconnaissent leurs erreurs", L'amiante, cause quelque 3.000 décès par an en France et pourrait faire 100.000 morts d'ici 2025, selon les prévisions les plus pessimistes de santé publique.
Avec la centralisation à Paris en 2005 de 23 procédures pénales liées à l'utilisation de l'amiante un peu partout en France, plus de 30 affaires sont actuellement en cours d'instruction au pôle de santé publique du tribunal de Paris concernant les dégâts provoqués par ce matériau, dont celle du campus de Jussieu.