A l'occasion de l'anniversaire du décès de Vincent Humbert, ce jeune tétraplégique normand dont la mort le 26 septembre 2003 a relancé le débat sur l'euthanasie, une pièce de théâtre sur le procès imaginaire de Marie, sa mère, a été créée et sera jouée pour la première fois samedi à l'Hôtel de Ville de Paris.
"Qu'il repose en révolte ou le procès de Marie H." est le titre de cette pièce écrite par Francis Beaucourt. Le metteur en scène et comédien a reconstitué pour le théâtre le procès qu'aurait pu vivre Marie Humbert, qui a bénéficié d'un non-lieu, avec des décors originaux du peintre et sculpteur Jean-Philippe Brunaud. Oeuvre littéraire et de fiction, sur la base d'entretiens avec Marie Humbert, ce procès imaginaire n'a pas pour ambition de juger l'euthanasie, mais de rendre aux citoyens le débat sur la fin de vie, qui n'appartient ni aux juges, ni aux médecins, ni aux prêtres, mais au peuple et aux consciences individuelles. "La pièce n'énonce pas de verdict, car c'est aux spectateurs de se faire leur jugement et de s'impliquer, le cas échéant en rejoignant le combat pour une 'loi Vincent Humbert' qui a déjà reçu plus de 200.000 soutiens", explique Vincent Léna, président de l'association Faut qu'on s'active, qui milite en faveur de ce texte.
La pièce qui sera jouée à Paris samedi 23 septembre aura pour vocation d'être présentée partout en France, dans les mairies ou les théâtres, et de propager ainsi sous une forme originale le débat citoyen.
Rappel historique des faits:
Après un grave accident de voiture, le 24 septembre 2000, sur une route de l'Eure, le jeune homme de 19 ans était devenu tétraplégique après neuf mois de coma.
Hospitalisé à Berck-sur-Mer (Pas-de-Calais) et ne supportant plus de vivre cette vie sans espoir, il avait entrepris de nombreuses démarches pour obtenir le droit d'être euthanasié, jusqu'à écrire au président Jacques Chirac pour lui demander le droit de mourir.
Le 24 septembre 2003, Marie Humbert avait tenté de mettre fin aux souffrances de son fils en lui injectant un puissant barbiturique dans sa sonde létale. Son fils entré dans un coma profond était décédé deux jours plus tard avec l'aide du Dr Frédéric Chaussoy, chef du service réanimation de l'hôpital de Berck-sur-Mer. La mort du jeune homme, ancien pompier volontaire à Breteuil-sur-Iton (Eure), avait ému la France entière.
Le 27 février dernier, la juge Anne Morvant, du tribunal de grande instance de Boulogne-sur-Mer, avait rendu un non-lieu général dans l'affaire Marie Humbert-Frédéric Chaussoy, accusés d'administration de substances toxiques et d'empoisonnement sur la personne de Vincent Humbert.