Plusieurs milliers de personnes (3.100 selon la police, 6 à 7.000 selon les organisateurs) ont manifesté samedi 30 septembre 2006 à Paris pour réclamer un grand "procès pénal de l'amiante" et une meilleure indemnisation des victimes.
Les manifestants, venus de toute la France à l'appel de l'Association nationale des victimes de l'amiante (Andeva), ont défilé de la tour Montparnasse, choisi symboliquement "parce qu'elle contient de l'amiante un peu partout", à la place de Fontenoy, à proximité du ministère de la Santé.
Ils ont lâché, lors d'une minute de silence, des ballons blancs symbolisant les ouvriers décédés après avoir travaillé au contact de l'amiante.
L'amiante a été utilisé massivement dans l'industrie pendant des décennies avant son interdiction en 1996, et n'a totalement disparu que depuis 2002 de la fabrication de tout produit industriel en France. Il provoque 3.000 décès par an et pourrait faire 100.000 morts d'ici 2025, selon les prévisions les plus pessimistes de santé publique.
En tête du cortège, ont défilé en silence une vingtaine de "veuves de Dunkerque", qui avaient réclamé en vain un procès pénal après le décès de leurs époux, victimes de l'amiante, et qui, de décembre 2004 à janvier 2006, ont manifesté chaque mois devant le tribunal de Dunkerque. Chacune d'elles portait le portrait de son mari.
"L'amiante abrège nos vies", "les empoisonneurs doivent être jugés", "les préretraites: un droit pas un privilège", proclamaient les petites pancartes rouges et blanches de l'Andeva portées par de nombreux manifestants.
L'Andeva réclame "un procès pénal, pédagogique, pour que toutes les défaillances soient mises à plat et qu'on reconstruise un système de veille sanitaire performant au travail, afin que tous ces gens ne soient pas morts pour rien", selon l'avocat de l'association, Me Michel Ledoux. "Un procès civil, c'est pour des indemnisations individuelles, un procès pénal permet de rechercher les causes. Aujourd'hui c'est l'amiante, demain ce sera les pesticides, les fibres céramiques, les produits sanitaires", a-t-il ajouté.
La tour Montparnasse montre "que l'on peut enfreindre la réglementation sans encourir la moindre sanction", a déclaré le vice-président de l'Andeva, Michel Parigot, fustigeant "les infractions commises sur les deux tiers des chantiers de désamiantage et le manque de volonté politique en la matière".
Beaucoup de salariés et d'anciens salariés d'entreprises ayant traité de l'amiante participaient à la manifestation.
A l'issue de la manifestation, une délégation devait être reçue par un membre du cabinet du ministre délégué à la Sécurité sociale, Philippe Bas.