Une escroquerie aux médicaments a coûté 20 millions d'euros à l'Assurance-maladie
De "faux" patients se font prescrire des médicaments remboursés et les revendent dans des pays d'Asie du Sud-Est, d'Europe centrale ou d'Afrique du Nord. L'Assurance maladie soupçonne des fraudes de ce type dans une vingtaine de départements, un trafic qui lui aurait coûté jusqu'à 20 millions d'euros en 2006 en remboursement indus.
Une enquête nationale a permis de déceler des fraudes dans une vingtaine de départements, selon la Caisse nationale d'assurance maladie (CNAM), qui a confirmé une information révélée jeudi par "Le Parisien/Aujourd'hui en France".
"Depuis 2005, on a déployé des moyens qui nous permettent de traquer toutes les fraudes que nous détectons", a précisé le directeur de la répression des fraudes de l'Assurance-maladie, Pierre Fender.
La mobilisation des réseaux et l'utilisation de la base de données ont ainsi permis de déceler des comportements "anormaux", des prescriptions "incompréhensibles" par leur nombre ou leur contenu. A partir de là, une enquête de terrain est déclenchée pour déterminer s'il y a fraude. Les enquêtes de terrain ne sont pas finies, a souligné Pierre Fender. Si la suspicion d'escroquerie est confirmée, "nous saisirons le pénal", et l'ordre des médecins ou des pharmaciens, si des médecins ou pharmaciens pouvaient être impliqués. Il existe peut-être des cas où des médecins auraient signé des ordonnances de complaisances, a-t-il précisé, mais aussi des cas d'ordonnances volées, ou de fraudeurs qui vont chez des dizaines de médecins différents pour réclamer la même ordonnance puis font le tour des pharmacies pour se procurer les médicaments.
La CNAM soupçonne ensuite une exportation des médicaments vers des pays d'Asie du Sud-Est ou d'Afrique.
Un bilan doit être fait le 12 octobre. Les médicaments les plus concernés par ce trafic sont l'antiulcéreux Cytotex, le Lexomil (psychotrope) et l'antibiotique Clamoxyl.
Alors que les comptes de la sécurité sociale et particulièrement ceux de l'assurance maladie et l'assurance vieillesse sont au plus mauvais, cette affaire permet mieux d'illustrer que le déficit peut être atténué par une meilleure lutte contre les fraudes déjà entamée par la mise en place de la carte Vitale 2.