Le TGV a établi aujourd'hui, à 574,8 km/h, un nouveau record du monde de vitesse sur rail, sur la ligne à grande vitesse est-européenne.
D'une puissance deux fois supérieure à celle d'un TGV normal, spécialement construite par Alstom et dénommée V150, la rame a pulvérisé, à proximité de la commune le Chemin dans la Marne, le record de 515,3 km/h établi le 18 mai 1990 par un TGV Atlantique entre Paris et Tours.
Circulant en Champagne dans le sens Strasbourg-Paris, le V150 a dépassé l'objectif initial de 540 km/h que s'étaient fixé Alstom, la SNCF et Réseau Ferré de France (RFF).
Précédé d'une rame circulant à 380 km/h destinée à détecter toute anomalie sur la voie, le V150 est parti du point kilométrique 264 de la ligne est-européenne, sur la commune de Prény (Meurthe-et-Moselle), dans le sens est-ouest. Il a parcouru 100 kilomètres en 17 minutes.
Dès 380 km/h, les vibrations se sont fait ressentir. A 490 km/h, les passagers du train ressentaient comme un vertige. A 540 km/h, se tenir debout devenait compliqué, malgré une bonne stabilité d'ensemble. A 570 km/h, le conducteur, dont l'image était retransmise en direct, affichait un large sourire.
Lors des essais menés depuis la mi-janvier, le TGV avait atteint une vitesse maximum de 568 km/h, non homologuée.
"On n'a pas été embêté : pas d'oiseaux et bonne météo, rien du tout par rapport à ce qu'on a eu à l'entraînement", a déclaré Eric Pieczak, le conducteur du TGV.
Anne-Marie Idrac, présidente de la SNCF, a évoqué l'avenir commercial du TGV.
"Il y a des contrats à l'étranger pour Alstom. Il y a pour nous, SNCF, la possibilité d'avoir toujours des idées d'avance pour améliorer encore la sécurité et le service", a-t-elle déclaré.
Le nouveau record s'inscrit dans le cadre d'un programme qui vise à définir "l'excellence française de la très grande vitesse ferroviaire" à l'horizon 2020-2050.
Pour Alstom, le nouveau record constitue un argument de poids pour doper ses ventes face à ses concurrents, notamment en Chine, en Argentine, en Algérie, au Maroc, en Arabie saoudite ou en Italie.
Philippe Mellier, président d'Alstom Transport, a estimé que la vitesse commerciale du TGV pourrait atteindre 350-360 km/h "très vite, dans les cinq-six ans qui viennent".
"Un opérateur et un pays qui se lancent dans la grande vitesse, c'est beaucoup d'argent. Ils doivent pouvoir le faire en toute sécurité", a-t-il ajouté.
Le TGV compte parmi ses rivaux l'ICE de Siemens et le Shinkansen japonais, construit par Kawasaki, Mitsubishi et Hitachi.
Le Maglev, train à sustentation magnétique conçu au Japon, a pour sa part atteint 581 km/h en 2003, record non homologué dans la catégorie vitesse sur rail.
Le coût total de l'opération ayant abouti à ce record a été évalué à entre 26 et 30 millions d'euros, dont huit à 10 millions chacun pour la SNCF et Alstom et 10 millions pour RFF.
Au cours des essais préliminaires au record officiel, menés sur la ligne à grande vitesse entre Paris et Strasbourg, le "train du record" a dépassé 40 fois la vitesse de 450 km/h.
La ligne à grande vitesse est-européenne, sur laquelle la vitesse commerciale sera de 320 km/h - un record en Europe-, entrera en service le 10 juin. Elle mettra Paris à 2h20 de Strasbourg contre 3h50 actuellement.
Reims se trouvera à 45 minutes de la capitale, Metz et Nancy à 90 minutes et le Luxembourg à 2h15.
La SNCF compte attirer 11,5 millions de voyageurs par an sur la ligne, soit une hausse de 65% de la fréquentation.
La ligne a vocation à être à terme "le maillon français d'une liaison ferroviaire longue de 1.500 kilomètres entre Paris et Budapest", via Munich et Vienne, selon RFF.