La santé des étudiants montre des "signes de dégradation inquiétants", avec des "pratiques alimentaires peu équilibrées", des soins dentaires et optiques "relégués", des situations de mal-être et de "vrais terrains d'inquiétude" sur l'alcool, selon un rapport parlementaire rendu public mercredi. Voir l'article précédent sur la santé des étudiants
En introduction, l'auteur du rapport, le député UMP de Haute-Loire Laurent Wauquiez, observe que "la santé des étudiants est trop longtemps restée dans un silence assourdissant face aux autres préoccupations de l'enseignement supérieur que sont la délivrance des savoirs et l'orientation ou l'insertion professionnelle".
"Même si les étudiants sont en général en bonne santé, des signes de dégradation inquiétants apparaissent", note la mission d'information parlementaire sur la santé et la protection sociale des étudiants.
Le rapport observe de "vrais terrains d'inquiétude sur l'alcool". Ainsi, 71% des étudiants consomment de l'alcool et 10% estiment leur consommation excessive. En outre, 39% ont été ivres au cours de l'année. Et ce, alors que les jeunes de 15 à 24 représentent 28% des personnes tuées lors d'accidents de la route, première cause de mortalité pour cette tranche d'âge".
Par ailleurs, les étudiants ont des pratiques alimentaires "peu équilibrées". Un étudiant sur trois déclare ne pas manger équilibré, 40% sautent le petit déjeuner et un sur deux prend un déjeuner rapide. De même, les soins dentaires et optiques sont "relégués", avec près de 15% des étudiants contraints de renoncer, faute de moyens, à un soin, surtout chez ceux qui ne sont pas couverts par une mutuelle.
Le rapport plaide également pour que les situations de mal-être ne soient pas "sous-estimées". Un étudiant sur dix traverse des phases de déprime et le suicide est la principale cause de mortalité chez les 15-25 ans, avec 11.000 suicides par an, rappelle-t-il. Près d'un étudiant sur quatre prend des antidépresseurs.
Dans le domaine de la sexualité, la mission a relevé un nombre important d'interruptions volontaires de grossesse (IVG) de l'ordre de 5%, "et surtout leur répétition dans le temps". "Les services de médecine préventive universitaire sont souvent les seuls à pouvoir offrir une planche de salut à certaines filles dont les familles pour des motifs religieux exercent un contrôle très dur sur elles".
Enfin, la mission d'information estime que les moyens des services de médecine préventive sont "dramatiquement insuffisants", avec seulement un médecin pour 10.000 étudiants, une infirmière pour 7.000 étudiants et un psychologue pour 44.000 étudiants.
Pour prendre à bras-le-corps cette question, le rapport préconise dix mesures, comme le fractionnement en dix versements du paiement de la sécurité sociale étudiante, l'attribution d'un chèque santé à tous les étudiants pour les aider à adhérer à une mutuelle, la création de maisons de santé étudiantes pluridisciplinaires sur les pôles universitaires ou encore l'instauration d'un droit à un "paquet santé" pour tous les étudiants au cours des deux premières années d'enseignement supérieur.