Après la manifestation contre ce Projet de loi de financement de la Sécurité Sociale pour 2008 sur les franchises, les internes manifestaient aujourd'hui pour la liberté d'installation.
Des milliers d'étudiants et d'internes en médecine (10.000 selon les organisateurs, 7.500 selon la police) ont manifesté cet après-midi à Paris contre une éventuelle limitation du nombre de praticiens dans les zones où ils sont assez nombreux destinée à repeupler les "déserts médicaux".
Vêtus de blouses blanches portant l'inscription "internes en grève", les manifestants, qui souhaitent pouvoir s'installer où ils veulent lorsque leurs études seront terminées, marchaient derrière un corbillard transportant un cercueil avec une jeune interne en blouse blanche couverte de fleurs pour symboliser la "mort de la Sécu".
Certains, vêtus en noir, portant des panneaux "ministère de la Santé", "CNAM" (Caisse nationale de l'assurance maladie), ou "assurance privée", suivaient le cortège "funèbre", tandis que la foule entonnait sur un air de requiem "laissez passer l'enterrement de la santé".
Sur les pancartes, les slogans ont fleuri: "pour un système de soins solidaire, contre une médecine à deux vitesses", "système des USA, ici on en veut pas" ou "oui à la carte vitale, non à la carte bleue".
Les manifestants répondaient à l'appel de plusieurs organisations dont l'Anemf (étudiants), l'Isnih (internes), l'Isnar-IMG (internes en médecine générale) et le SNJMG (jeunes généralistes).
En réponse, le ministère de la santé, où une délégation de manifestants a été reçue, a proposé aux étudiants d'organiser début 2008 des "états généraux de la démographie médicale".
Lors de rencontres organisées "ces derniers jours", la ministre Roselyne Bachelot avait rappelé aux syndicats "son profond attachement au principe de liberté d'installation des médecins" et "sa volonté d'associer à l'ensemble des discussions les représentants des étudiants, internes, chefs de clinique et jeunes médecins", a indiqué le ministère. "Une nouvelle réunion de concertation se tiendra le lundi 15 octobre", a-t-il précisé.
Selon le projet de loi de financement de la Sécurite Sociale (PLFSS) pour 2008 rendu public le 24 septembre 2007 et présenté aujourd'hui en conseil des ministres, médecins et caisses de Sécurité sociale seront "invités à définir les outils pour réguler l'installation de nouveaux professionnels de santé dans les zones où ils sont déjà nombreux".
Réactions de quelques syndicats:
Certains manifestants craignent qu'une régulation de ce type amène des médecins à s'installer dans ces zones sans être conventionnés, c'est-à-dire sans l'accord de la Sécurité sociale. Ils ne seraient donc pas obligés de respecter les "tarifs Sécu" et leurs consultations ne seraient pas remboursées, accélérant l'avènement d'une "médecine à deux vitesses".
En effet, les consultations non remboursées seraient à la portée des seuls patients disposant de revenus élevés leur permettant de les payer de leur poche ou de se faire rembourser par une assurance privée au coût également élevé, estiment ces responsables, dont le président du SNJMG, Fabien Quédeville, ou la porte-parole de l'Anemf, Chloé Moulin.
La CGT-Santé, qui partage ces craintes, a demandé jeudi une négociation pour rendre plus "juste" la répartition de médecins libéraux sur le territoire mais sans remettre en question le "financement solidaire" du système de soins, estimant que "le gouvernement a volontairement provoqué cette polémique" pour "aller vers une modification complète du système »