Un voyageur italien venu d'Inde, porteur du virus du chikungunya, serait à l'origine de l'épidémie qui a touché plus de 160 personnes dans le nord-est de l'Italie, une transmission locale qui constitue une "première mondiale" hors des tropiques, selon des experts.
"La possible source d'infection" serait un voyageur venu d'une région du monde touchée par une épidémie de chikungunya en visite à Castiglione, un des deux bourgs dans le nord de l'Italie touchés par l'épidémie, le 23 juin, a indiqué l'Institut supérieur de la santé italien (ISS) dans un communiqué.
L'homme venait d'une zone de l'Inde touchée par le virus et, ignorant qu'il était contaminé, il a rendu visite à des amis à Castiglione.
Il a été piqué par un moustique (Aedes Albopictus), à qui il a transmis le virus, permettant ensuite la propagation de la maladie en Italie.
"Dix jours plus tard, le 4 juillet, le premier cas de chikungunya était constaté à Castiglione".
Pour l'expert français Antoine Flahault, ces cas de transmission locale ("autochtone") de chikungunya recensés en Italie constituent une "première mondiale" hors de la zone intertropicale.
"La souche responsable est très probablement la souche africaine partie du Kenya en juin 2004", selon le Pr Flahault, coordonnateur de la cellule française de recherche sur le chikungunya. Il a relevé que l'épidémie qui était confinée dans l'océan Indien s'étendait, jugeant ce phénomène "inquiétant sans être alarmant". "Des maladies autrefois dites tropicales sont devenues beaucoup plus universelles", a-t-il souligné.
Plus de 160 cas confirmés de chikungunya ont été recensés en Italie et une trentaine d'autres sont encore en cours de vérification, a indiqué le virologue Antonio Cassone, directeur du département des maladies infectieuses à l'ISS.
"Nous avons environ 160 cas confirmés de chikungunya dans la région de Ravenne", dans le nord-est de l'Italie, "et une trentaine de cas dans des communes limitrophes de cette zone", a-t-il précisé. Un précédent bilan avait fait état de plus de 100 cas.
"Sur la trentaine de cas à confirmer, certaines personnes ont été infectées en transitant dans la zone de Ravenne, tandis que nous ignorons encore l'origine de la contamination pour les autres", a-t-il indiqué.
Le premier malade a été enregistré début juillet et l'épidémie, due "à une densité très, très élevée des moustiques" dans cette zone, selon M. Cassone, a connu son apogée vers la mi-août.
La maladie, qui ne se transmet pas directement d'homme à homme, se traduit par une forte fièvre (plus de 39°C), des éruptions cutanées, des courbatures dans les articulations, souvent celles des doigts et des genoux, obligeant le malade à se déplacer courbé, d'où le nom chikungunya ("celui qui marche courbé" en swahili).
L'expert de l'ISS a catégoriquement exclu que l'"Aedes albopictus", connu comme le moustique-tigre, et qui transmet le chikungunya, puisse également transmettre le paludisme, cette maladie se servant d'"un vecteur totalement différent".
"La possibilité de la transmission de la dengue en revanche existe, même si elle est faible, cette maladie utilisant un vecteur semblable à l'Aedes albopictus", a conclu le Pr Cassone