Distilbène: 344.000 euros pour la famille d'une jeune femme morte du cancer
Le laboratoire UCB Pharma, fabricant du Distilbène (DES), a été condamné vendredi 13 octobre 2006 par le tribunal de grande instance de Nanterre à verser 344.000 euros d'indemnités à la famille d'une jeune femme de 33 ans décédée d'un cancer apparu à cause de ce médicament.
Aujourd'hui interdit, le DES ou diéthylstilbestrol est une hormone de synthèse qui a été prescrite sous la marque Distilbène aux femmes enceintes en France entre 1950 et 1977 pour prévenir les fausses couches, les risques de prématurité et traiter les hémorragies de la grossesse. Le médicament a ensuite provoqué des malformations et des cancers chez de nombreux enfants. Une étude récemment publiée évoque même un lien entre l'exposition au produit et l'apparition de troubles psychiatriques lourds.
"Très heureuse pour la famille" de la victime, Anne Levadou, présidente du réseau DES France, a précisé qu'il y avait "au moins 70 dossiers judiciaires en cours" concernant le Distilbène en France.
Dans l'affaire jugée vendredi, cette mère de deux enfants, "atteinte d'un cancer ravageant", selon son avocate Martine Verdier, demandait à la justice de reconnaître le lien entre sa maladie et la prise de Distilbène, UCB Pharma soutenant le contraire.
Elle est décédée avant la fin de la procédure mais le tribunal lui a donné raison. Sa famille obtient au total 344.000 euros, dont 207.000 euros pour le préjudice subi par la jeune femme avant son décès, 79.000 euros pour son mari, 20.000 euros pour chacun des deux enfants, et 18.000 euros pour la mère de la victime. "Globalement, pour une jeune femme décédée, c'est la somme la plus élevée allouée par le tribunal de Nanterre, et que je sache par un tribunal en France", a commenté Me Martine Verdier, avocate de la famille.
En décembre 2004, la famille d'une jeune femme décédée à 34 ans d'un cancer lié au Distilbène avait obtenu 310.000 euros de dommages-intérêts, pour le seul préjudice subi par la victime avant son décès. "Avec les autres préjudices et dommages-intérêts alloués aux proches, on arrivera à beaucoup plus", a expliqué Me Verdier.
Deux autres affaires concernant le Distilbène ont été jugées vendredi.
Dans la première, le tribunal a estimé qu'une femme de 43 ans atteinte d'un cancer avait bien prouvé son exposition au Distilbène, et en conséquence a désigné un collège d'experts qui devront se prononcer sur le préjudice exact subi par la victime, le tout à la charge d'UCB Pharma.
Dans le deuxième dossier, une autre femme malade, âgée de 41 ans, a été déboutée de sa demande d'expertise sur son cancer, qu'elle estimait lié à la prise de Distilbène. Le tribunal a jugé qu'elle n'apportait pas de preuves suffisantes pour établir son exposition au produit. Me Verdier a annoncé qu'elle ferait "sans doute" appel.